Éoliennes « tueuses » de Nozay : désabusé, le couple Potiron abandonne sa ferme et ses vaches (Actu.fr)
Après un éprouvant combat de dix ans contre les éoliennes « tueuses » de Nozay (Loire-Atlantique), le couple d’éleveurs a finalement préféré vendre son exploitation et sa maison.
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C’est la fin de toute une vie. En novembre 2022, ce sera effectif : les terres, la ferme, les animaux et la maison d’habitation du Gaec du Lody, à Puceul (Loire-Atlantique), n’appartiendront plus à Didier et Murielle Potiron, éleveurs bovins installés là depuis toujours.
« C’était la ferme de mes parents depuis 1969 », rappelle Didier Potiron.
Un combat épuisant depuis dix ans
Mais, éreinté par le combat mené depuis dix ans pour tenter de faire reconnaître un lien entre la construction du parc éolien des Quatre seigneurs, implanté sur quatre communes de la région de Nozay (Loire-Atlantique) et la surmortalité vécue par leur cheptel (en 2021, ils en étaient à plus de 400 vaches mortes « sans raison apparente »), le couple a décidé de jeter l’éponge.
Alors qu’une nouvelle expertise des câbles électriques enterrés avait été ordonnée par le tribunal judiciaire de Nantes fin novembre 2021, l’appel fait par Enedis en février 2022 puis les reports incessants de la décision de justice à ce propos ont achevé de convaincre les éleveurs que l’affaire n’était pas près d’aboutir.
La ferme mise en vente en juin 2022
« On a donc décidé de mettre la ferme en vente en juin dernier », explique Didier Potiron, joint par téléphone vendredi 30 septembre 2022. Le couple avait, dans un premier temps, un « projet de reprise d’exploitation » mais, nouveau coup dur, « c’est tombé à l’eau ».
Un céréalier originaire de l’Yonne s’est toutefois montré rapidement intéressé par l’achat des terres des Potiron. « Mais il ne voulait ni de la maison, ni du matériel, ni des vaches », explique l’agriculteur de Puceul.
« On a donc accepté de faire différents lots pour tout ça ».
Et ce compromis s’est avéré payant puisque « la maison a été vendue en dix jours ! ».
Difficultés pour retrouver un logement
Une rapidité de vente qui a d’ailleurs failli mettre de nouveau le couple Potiron en grande difficulté car « on a demandé aux agents immobiliers de nous trouver un logement de transition, mais comme ni l’un ni l’autre, on n’a de bulletin de salaire, il n’y a pas eu moyen ! On a finalement trouvé in extremis un gîte à Abbaretz », raconte Didier Potiron.
Quant à la suite de leur vie professionnelle, c’est actuellement le grand point d’interrogation.
« Tout s’est enchaîné très vite, donc on n’a pas eu le temps d’y réfléchir. Ce que l’on souhaite déjà, c’est se poser un peu jusqu’à la fin de l’année. »
Didier Potiron
Et respirer enfin, « loin » des problèmes vécus toutes ces années.
Les Potiron poursuivent leur combat judiciaire
En revanche, Didier Potiron assure ne pas vouloir stopper le combat judiciaire entamé en 2021 avec leur avocat, Maître Lafforgue, et l’association Animaux sous tensions.
« On ne va pas lâcher car on aimerait obtenir la vérité. Des dizaines d’autres exploitations sont concernées en France. »
Didier Potiron
Qui sait, cependant, quand — et si — cette « vérité » pourra réellement être connue un jour, tant le sujet est complexe. Et tant l’exploitant du parc éolien des Quatre seigneurs et Enedis (concerné par les câbles enterrés) sont décidés à ralentir la procédure pour que soit menée la fameuse expertise. Sans compter la lenteur judiciaire dans ce genre de dossier.
Ainsi, la décision qui devait être donnée le 27 septembre 2022 concernant la procédure en appel contre l’expertise, a encore été « prorogée au 18 octobre ».
Réellement une histoire sans fin. Si ce n’est pour un pan entier de la vie de Didier et Murielle Potiron.